vendredi 30 mars 2012

Le Grand métingue du métropolitain VS Plus de patrons !


La francisation du meeting en metingue est un délice de langage que l'on doit ici au grand parolier Maurice Mac-Nab, sans pour autant affirmer que l'expression soit de lui. Peut-être est-elle tout simplement argotique, car on la retrouve dans la chanson "Plus de patrons !" d'Aristide Bruant. 
La chanson de Mac-Nab s'inspire des grandes grèves de Vierzon, qui ont eu lieu en 1886. Zéphyrin Camélinat, ancien ouvrier graveur, "l'honneur du pays" dans la chanson est le même qui fut directeur de la Monnaie sous la Commune et élu député de la Seine en octobre 1885. Émile Basly était un ancien mineur, élu député du Pas-de-Calais en octobre 1885. 

Camélinat, ouvrier bronzeur sous le second empire.

Camélinat sous la IIIème république.

Cette version qui donne un peu dans le musette est beaucoup moins bonne que celle de Marc Ogeret dans son disque "Chansons contre". Jugez mes salauds !



Le Grand métingue du métropolitain.

C’était hier, samedi, jour de paie
Et le soleil se levait sur nos fronts ;
J’avais déjà vidé plus d’un’ bouteille
Si bien qu’ j’m’avais jamais trouvé si rond.
V’là la bourgeois’ qui rappliqu’ devant l’ zingue :
« Brigand, qu’ell’ dit, t’as donc lâché l’ turbin ? »
Oui, que j’ réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu’ du métropolitain !
Oui, que j’ réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu’ du métropolitain !

Les citoyens, dans un élan sublime,
Étaient venus guidés par la raison.
À la porte, on donnait vingt-cinq centimes,
Pour soutenir les grèves de Vierzon.
Bref, à part quat’ municipaux qui chlinguent
Et trois sergots déguisés en pékins,
J’ai jamais vu de plus chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !
J’ai jamais vu de plus chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !

Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l’orgueil du pays…
Ils sont grimpés tous deux sur une table,
Pour mettre la question sur le tapis.
Mais tout à coup on entend du bastringue,
C’est un mouchard qui veut fair’ le malin,
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !

Moi j’ tomb’ dessus, et pendant qu’il proteste,
D’un grand coup d’poing j’y renfonc’ son chapeau ;
Il déguerpit sans demander son reste,
En faisant signe aux quat’ municipaux ;
À la faveur de c’que j’étais brind’zingue
On m’a conduit jusqu’au poste voisin…
Et c’est comm’ça qu’a fini le métingue,
Le grand métingue du métropolitain !
Et c’est comm’ça qu’a fini le métingue,
Le grand métingue du métropolitain !

Peuple français, la Bastille est détruite,
Et y a z’encor des cachots pour tes fils !…
Souviens-toi des géants de quarante-huit
Qu’étaient plus grands qu’ ceuss’ d’au jour d’aujourd’hui
Car c’est toujours l’pauvre ouvrier qui trinque,
Mêm’ qu’on le fourre au violon pour un rien…
C’était tout d’ même un bien chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !
C’était tout d’ même un bien chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !




"Plus de Patrons!" ici chanté par Marc Ogeret.


J'suis républicain socialisse,
Compagnon, radical ultra,
Revolutionnaire, anarchisse,
Eq' coetera... Eq' coetera...
Aussi j'vas ans tous les métingues,
jamais je n'rate un' réunion,
Et j'pass' mon temps chez les mann'zingues
Ousqu'on prêch' a révolution.

C'est vrai que j'comprends pas grand'chose
A tout c'qu'y dis'nt les orateurs,
Mais j'sais qu'i's parl'nt pour la bonne cause
Et qu'i's tap'nt su' les exploiteurs.
Pourvu qu'on chine l'ministère,
Quon engueule d'Aumale et Totor
Et qu'on parl' de fout' tout par terre! ..
J'applaudis d'achar et d'autor.

C'est d'un' simplicité biblique
D'abord faut pus d'gouvernement,
Pis faut pus non pus d'République,
Pus d'Sénat et pus d'Parlement,
Pus d'salauds qui vit à sa guise,
Pendant qu'nous ont un mal de chien...
Pus d'lois, pus d'armé', pus d'église,
Faut pus d'tout ça... faut pus de rien !

Alors c'est nous qui s'ra les maîtres,
C'est nous qui f'ra c'que nous voudrons,
Y'aura pus d'chefs, pus d'contremaîtres,
pus d'directeurs et pus d'patrons !
Minc' qu'on pourra tirer sa flemme,
On f'ra tous les jours el' lundi !
Oui... mais si n'y a pus d'latronspéme,
Qui qui f'ra la paye l'sam'di ?

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